Présentation du pôle Histoire

Les études du pôle histoire sont actuellement dirigées par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. (IFEA-CNRS). Ce pôle est par ailleurs composé de plusieurs chercheurs associés de l’IFEA et doctorants :

  • AFACAN Şeyma (Assistant Professor, Université de Kırklareli)
  • ALTUĞ Seda (Assistant Professor, Université Boğaziçi)
  • BENEDETTO Vincent (Université de Rouen Normandie)
  • DE TAPIA Aude Aylin (MCF, Albert-Ludwigs-Universität Freiburg)
  • BILICI Faruk (Pr, INALCO)
  • ÇELİKTEMEL Özde (Boğaziçi University)
  • CHAMES-EDDINE Imane-Hélène (Orient & Méditerranée)
  • DUMAS Juliette (MCF, Université d’Aix-en-Provence)
  • ERTÜRK İrem (EHESS)
  • GANIER Charles (doctorant, Paris VII)
  • GUBARA Dahlia E. M. (Assistant Professor, Université Koç)
  • GOSSE Matthieu (Université Gustave Eiffel)
  • GÜRBÜZ Esin (Université Ege)
  • IBRAHIMOV Ibrahim (doctorant, Université de Rouen-Normandie)
  • KAYNAR Erdal (Université de Strasbourg)
  • MOUTTALIB Sophia (ENS Lyon)
  • SIGALAS Nikos (Université de Patras)
  • SOMER-GAVAGE Florence (doctorante, EPHE)
  • WICK Alexis (Associate Professor Université Koç)
  • THÉROUIN Vincent Sorbonne (Université, IFEA)


Le pôle histoire a vocation à regrouper les travaux couvrant une large période allant de la période byzantine aux premières décennies de la République turque. Une importance particulière est accordée à la dimension transaréale afin de penser l’espace de l’Asie Mineure dans ses relations avec le monde environnant, notamment balkanique, iranien, arabe et caucasien.

Ainsi, les études historiques à l’IFEA sont organisées en axes thématiques qui se juxtaposent, se croisent et se complètent mutuellement :

 

L’Empire du dehors : Juifs et musulmans russes dans la politique orientale tsariste (1881-1914) par Elena Astafieva

Le but de ce projet de recherche est d’analyser la place des Juifs et des musulmans, sujets de l’Empire russe ou placés sous son protectorat, dans les actions politiques russes dans les provinces arabes de l’Empire ottoman (Palestine et Syrie principalement). Il montrera les stratégies de négociation de Juifs et musulmans, arrivés en pèlerinage ou migrants dans les « domaines bien protégés » du Sultan, avec le corps diplomatique russe, européen et avec les pouvoirs ottomans, locaux aussi bien que centraux.

 

Missions, patrimoine et réforme sociale depuis la fin de l’Empire ottoman. Une histoire trans-impériale par Philippe Bourmaud

L’enjeu de la recherche consiste à analyser le phénomène missionnaire comme catalyseur de la formation et de la transformation de multiples champs sociaux et culturels, dans les empires, en concurrence et en communauté de vue, voire en collaboration avec les empires. La période qui court des dernières décennies de l’Empire ottoman aux années 1950 est cruciale ici, car elle est marquée à la fois par une intensification des activités missionnaires dans les empires et par des constructions d’Etat-nation en opposition à l’extranéité, voire à ‘l”impérialisme culturel” incarné par les missions. Alors que l’Empire ottoman connaît une multiplication des fondations missionnaires dans ses dernières années, la Turquie républicaine adopte une politique exclusive à leur égard et les missions anatoliennes relocalisées au Levant arabe sont, elles, amenées à oeuvrer de concert avec l’Etat colonial mais aussi à s’en démarquer afin de survivre aux indépendances.
Le patrimoine et la réforme sociale - et, parmi les déclinaisons de cette dernière, l’action humanitaire - invitent à complexifier ce tableau, car elles donnent à voir la portée durable des opérations missionnaires, bien après leur départ.
Trois aspects sont envisagés dans cette recherche :

  • la viticulture missionnaire: si les moines ont de longue date une place centrale dans la production de vin et d’alcool dans les pays d’Islam, les missions de la fin de l’Empire ottoman greffent à cette activité économique des projets d’ingénierie sociale, par le biais des orphelinats et de la formation professionnelle. Ce faisant, ils contribuent à créer des traditions viticoles et à une mise en patrimoine des espaces viticoles, poursuivis aujourd’hui dans la structuration touristique des “routes des vins” et autres “viae vitis”;
  • la translation missionnaire d’Anatolie au Levant, principalement à travers la Compagnie de Jésus et ses congrégations féminines auxiliaires, avant le départ de la “Mission d’Arménie” d’Anatolie en 1914 et après sa réinstallation dans l’entre-deux-guerres en Syrie et au Liban;
  • la production missionnaire et humanitaire, à travers la prise en charge des réfugiés arméniens et assyriens, de congrégations protestantes d’origine anatolienne au Levant arabe. Cette étude suppose la documentation d’un milieu missionnaire allemand devenu français au lendemain de la Première guerre mondiale, la société missionnaire centrée sur Strasbourg de l’Action Chrétienne en Orient.

 

Acteurs missionnaires et consulaires étrangers à Diarbékir et Mamouret-ul Aziz (Est ottoman) : réseaux de pouvoirs locaux, impériaux et transnationaux, stratégies spatiales, relations clientélaires (Fin années 1870-1914), par Matthieu Gosse

Cette recherche aborde l’histoire de deux sociétés urbaines de l’est de l’Empire ottoman, Diarbékir et Mamouret-ul Aziz, par le prisme des acteurs missionnaires et consulaires qui y ont résidé et opéré entre les années 1870 et 1914. Le second 19ème siècle ottoman est un moment d’intenses mutations puisqu’il constitue à la fois un temps de redéfinition du contrat social ottoman (réformes des Tanzimat) mais aussi un moment d’apogée de l’impérialisme européen dans l’Empire ottoman. Dans l’Est ottoman, ce moment est celui d’une polarisation interconfessionnelle et d’une montée des tensions qui s’achève par des violences paroxystiques dont les populations arméniennes sont les victimes. Du milieu du 19ème siècle au premier conflit mondial, des missionnaires catholiques (italiens et français) et protestants (états-uniens) ainsi que des consuls français, britanniques et états-uniens sont nommés et résident à Diarbékir et Mamouret-ul Aziz. Bien que peu nombreux – contrairement aux vastes « colonies » étrangères des villes levantines - ces étrangers ne jouent pas moins un rôle influent en ce qu’ils occupent une position nodale, à l’interface entre pouvoirs et sociétés. Les institutions éducatives et de charité mises en place et les logiques de protection– principalement exercée au bénéfice des chrétiens arméniens et syriaques locaux (autour du tiers des populations urbaines) constituent des vecteurs d’influence dont l’étude est indispensable à une compréhension fine des transformations sociales et politiques qui ont eu lieu dans les deux villes et leur arrière-pays.

 

Voix constitutionnelles arabes au dernier siècle ottoman. Étude de la genèse du concept de constitution par Sophia Mouttalib 
La thèse étudie l’émergence, les usages et les significations du concept de constitution au sein du beylicat de Tunis, de l’Égypte et du Bilād al-Šām, « provinces arabes » de l’Empire ottoman, pendant le « long XIXe siècle ». La période se caractérise par l’adoption des premières constitutions en son sein (s’inscrivant en ce sens dans une dynamique mondiale), mais aussi par le développement d’une littérature constitutionnelle, à travers laquelle les intellectuels de ces provinces cherchent à définir la constitution, à la mettre à l’ordre du jour et à la justifier. C’est cette littérature que la thèse se propose d’analyser, à partir d’un corpus d’écrits (traités politiques, presse, mémoires, essais, adresses au souverain, relations de voyage) d’intellectuels de ces provinces, et en s’inspirant de la Begriffsgeschichte de Reinhart Koselleck (1923-2006).
En trois temps, la thèse s’attache d’abord à l’étude des conditions historiques d’émergence et de formulation de la pensée de la constitution dans ces contextes, au prisme d’une approche multiscalaire, mêlant échelles provinciale, impériale et internationale. Elle propose ensuite une analyse substantielle du concept de constitution dans cette littérature, mettant au jour son spectre sémantique à une période où sa signification n’est pas encore fixée par les usages et le poids du temps. Enfin, elle approche ce concept comme le miroir d’une modernité politique endogène, reflétant la conscience historique de ces intellectuels. À rebours d'une lecture diffusionniste, décrivant la constitution comme une exportation conceptuelle européenne reçue passivement, ces derniers apparaissent non pas comme de simples réceptacles ou passeurs, mais comme des acteurs politiquement et épistémologiquement engagés dans la construction de ce concept. Leurs écrits donnent à voir la formulation polyphonique d’une pensée tissée de préoccupations, d’imaginaires et de références communes, fondées sur un intérêt pour l’histoire et l’actualité politique européennes et extra-européennes, et le réinvestissement sémantique de notions exhumées.

 


Histoire de la pensée réformiste et constitutionnaliste dans l’Empire ottoman et qajar (ca. 1850-1911) dirigé par Denis Hermann et Erdal Kaynar

Le programme traite de l’histoire du constitutionnalisme en tant que mouvement intellectuel et politique majeur dans les empires ottoman et qajar (ca. des années 1830 à la Première Guerre mondiale). Il s’agit principalement d’analyser comment l’idée d'un régime parlementaire et constitutionnaliste impliquait à repenser la politique, l'état et la société; discuter de la nature et de l'importance de l'opposition au constitutionnalisme; de mieux connaître les réseaux promouvant le constitutionnalisme ainsi que leurs agendas; et s’interroger à quels défis les acteurs et les structures politiques ont été confrontés une fois la règle constitutionnelle établie.

Notre projet démontre que le constitutionnalisme possédait différentes dimensions : il permettait de discuter des structures de pouvoir au niveau régional et/ou communal ainsi que de déterminer des agendas pour imaginer la politique au niveau national. Cette dynamique dépendait non seulement de la pensée occidentale mais aussi des échanges intellectuels au sein d’un vaste espace comprenant l’Iran et l’Empire ottoman, démontrant un engagement organique avec la philosophie occidentale, la pensée politique islamique et les développements politiques et intellectuels au niveau international.

Ce projet s’articule depuis 2018 autour de l’organisation de colloques, conférences et séminaires de recherches réguliers et en collaboration avec différents partenaires institutionnels dont l’Orient-Institut Istanbul tout particulièrement.

A notre connaissance la conférence qui s’est tenue à l’IFEA en janvier 2020 a réuni pour la première fois des spécialistes de l'histoire iranienne et ottomane pour présenter leurs travaux et débattre des différences dans le développement du processus constitutionnaliste en Iran, dans les Balkans, en Anatolie, au Caucase et dans l’espace arabe :

Dans le cadre du séminaire du pôle histoire, plusieurs communications ont par ailleurs porté sur l’histoire des idées politiques dans l’Empire ottoman au cours d’un long XIXe siècle. Une publication des actes du second colloque sous la direction de Denis Hermann et Erdal Kaynar est actuellement en préparation.

 

MisSMO (Missions chrétiennes et sociétés au Moyen-Orient) : organisations, identités, patrimonialisation (XIXe-XXIe siècles) - programme EFR-IFAO-IFPO-IFEA-FSCIRE, coordinatrice principale : Norig Neveu

Projet dont les activités au sein de l’IFEA sont portées par Philippe Bourmaud, et auquel participent, parmi les anciens chercheurs doctorants de l’IFEA et masterants accueillis à l’Institut : Armand Aupiais-L’Homme, Gabriel Doyle et Aude Aylin de Tapia. L’objet de ce programme est d’étudier, dans une perspective d’abord historique, la manière dont les missions chrétiennes ont contribué, non pas par en-haut mais au quotidien, à la transformation socio-culturelle des sociétés du Moyen-Orient, de l’Égypte à l’Anatolie ; mais également comment l’installation au Moyen-Orient a contribué à transformer les conceptions de la mission.

Parmi les activités du programme impliquant l’IFEA ou des chercheurs membres ou associés, citons : l’atelier “Missionnaires en tant qu’experts” coorganisé avec l’OII les 26 et 27 octobre 2018 (coordination : Philippe Bourmaud, Aylin de Tapia, Armand Aupiais-L’Homme) ; et l’atelier “Cultural diplomacy, aesthetics and missions in the Middle East, 19th-20th centuries”, World Congress for Middle East Studies, Université de Séville, 20 juillet 2018.

L’une des orientations de recherche en cours, depuis 2016, est l’exploration de la relation entre fait missionnaire et changement social à l’échelle régionale. A la suite du colloque sur la prédication missionnaire au Moyen-Orient tenu à Rome en octobre 2020 et auquel l’IFEA a été associé (https://ifpo.hypotheses.org/7523), cette exploration a été étendue à l’ensemble des acteurs religieux dont le mode opératoire, indépendamment de la religion, peut être qualifié de missionnaire.

Un prolongement du programme a été déposé fin 2020 auprès des institutions partenaires, sur la thématique « ‘L’évangile du bien’. Réseaux chrétiens, bienfaisance et développement au Moyen-Orient (1897 à nos jours) ». Dans le même temps, un projet ANR a été soumis sous l’intitulé « Grammars of preaching : model, cartography, materiality Middle East / Europe (19th-21st centuries) ».

Une participation du programme MisSMO au Congrès du GIS Moyen-Orient et Mondes Musulmans (Aix-en-Provence, 28-30 juin 2021) prendra la forme d’un atelier piloté par Marie Levant (« Le Vatican au Moyen-Orient, de la Première Guerre mondiale à la guerre du Golfe : une puissance religieuse, humanitaire et diplomatique ») et la participation de plusieurs membres du programme à l’atelier « Les communautés non musulmanes et leur rôle dans la production des institutions au Levant 1920-1950 » (coord. Viktorya Abrahamyan)

 

Mémoire et perception de l’Empire ottoman dirigé par Juliette Dumas

Ce projet s’articule depuis 2019 autour de l’organisation de colloques, conférences, table ronde et séminaires de recherche :

 

Guerre de course et hégémonies transnationales : la Méditerranée et l’Océan indien au début de la modernité dirigé par Fabrizio Speziale (EHESS), Alberto Ventura (Université de Calabre) et Marilisa Morrone (archéologue)

Ce projet explore de nouvelles perspectives dans la manière d’interpréter la guerre de course au XVIe siècle. Il explore la guerre de course comme un phénomène global qui, au début de la modernité, voit les navires européens et musulmans se confronter de la Méditerranée à l’Océan indien. Il envisage l’étude de deux régions qui jouent un rôle clef dans la stratégie franco-ottomane de s’emparer de l’Italie : la Provence, en particulier Toulon, où la flotte des corsaires ottomans est abritée à plusieurs reprises au XVIe siècle, et la Calabre, l’une des régions du royaume de Naples (1282-1806) les plus exposées aux raids des corsaires. La Provence, la Calabre, le monde ottoman et l’Océan indien ont rarement été étudiés comme des espaces connectés, à la période moderne. La constitution d’un réseau international et multidisciplinaire permettra une synergie sans précédents entre spécialistes de différentes aires géographiques. Des colloques et des journées d’études seront organisés dans le cadre de ce projet.

 

Commerce Raiding and Transnational Hegemonies: the Mediterranean and the Indian Ocean in the Early Modern Period

This project explores new perspectives on how to interpret corsairs’ raids in the 16th century. It looks at commerce raiding as a global phenomenon which, at the beginning of the modern period, sees European and Muslim fleets confront each other from the Mediterranean Sea to the Indian Ocean. It looks at two regions which play a key role in the Franco-Ottoman strategy to annex Italy: Provence, in particular the city of Toulon, where the fleet of the Ottoman corsairs is sheltered on several occasions during the 16th century, and Calabria, the region of the kingdom of Naples (1282-1806) which for its geographical location was one of the most exposed to corsairs’ raids. Provence, Calabria, the Ottoman world, and the Indian Ocean have rarely been studied as connected environments in the modern period. The creation of an international and multidisciplinary network will allow unprecedented synergy between scholars of different geographical areas.

 

Séminaires

Le pôle ‘histoire’ organise également des séminaires internes entre membres du pôle qui ont pour principal objectif de présenter les recherches en cours. Ces séminaires ont notamment pour finalité d’accompagner le travail des doctorants et des post-doctorants du pôle dans leurs recherches en Turquie et à l’IFEA.

Suite à l’épidémie de COVID 19 des conférences ont également été régulièrement organisées en ligne depuis le mois de septembre 2020, puis en mode hybride.

  • Abdurrahman Atçıl (Université Sabancı) Scholar-Bureaucrats and the making of the early modern Ottoman Empire: Bearers of Authority, Legitimacy, and Expertise:
  • Baris Zeren (chercheur indépendant/CETOBAC) : The Ottoman Constitutional Rule and Evolution of the Law on Brigandage (Çeteler Kanunu): The Jovanovich Murder Case
  • Yaşar Tolga Cora (Université du Bosphore) : The Coal Heavers’ Strike In Istanbul (1910): A Case Study In The Politics Of The Constitutional Period
  • Étienne Charrière (Université Bilkent, Ankara) : Transcription, translittération, traduction : les littératures de l’espace ottoman et turcophone au miroir des « univers scripturaux »

 

Colloques et autres événements scientifiques

Au-delà des axes de recherche le pôle histoire accueille aussi différents événements scientifiques pour lesquels l’IFEA est partenaire et dont les thématiques relèvent du pôle ‘histoire’. Ainsi, depuis le début de l’année 2019 l’IFEA a organisé en ses locaux les colloques suivants :