par Sibel Akyıldız

https://journals.openedition.org/emam/4040

La région géographiquement située en Asie du Sud-Ouest, comprenant la Turquie, l’Iran, la Mésopotamie, la péninsule Arabique, les pays du Golfe et l’Égypte est au centre des enjeux internationaux aujourd’hui comme elle l’a été dans le passé. Le Moyen-Orient, selon T. Boissière et Y. Morvan « est traversé par des crises politiques et économiques majeures : révoltes populaires, guerres civiles syrienne et irakienne, instabilité politique libanaise, crises politico-militaires en Turquie, tensions dans le Golfe, aggravation des dissensions interconfessionnelles dans toute la région, poussées autonomistes kurdes, émergence de Daech, remise en question de certaines frontières politiques issues de la période des mandatsetc. » (p. 16). Dans une géographie tissée de relations aussi complexes et intriquées, examiner « comment les changements liés à la mondialisation se produisent au quotidien dans des sociétés considérées comme conservatrices et parfois hostiles » et le montrer, en suivant de Certeau (1980), « sous l’angle de ses continuités, parfois souterraines et silencieuses, de l’ordre du quotidien » (p. 16), s’avère être une tâche difficile.

Ce livre ambitionne ainsi d’apporter un éclairage renouvelé sur ce réseau de relations, plus particulièrement pour la période postérieure à 2011. Il traite donc des processus qui progressent à l’ombre des grandes turbulences politiques et économiques, et y parvient dans une large mesure. L’ouvrage place les villes d’Alep, Istanbul, Koweït, Qom et Téhéran au centre de cette réflexion, considérant que ces villes sont des métropoles fortement influencées par les « réformes économiques d’orientation néolibérale » (p. 17) que la région a connues au cours des deux dernières décennies, réformes ayant participé, entre autres, « d’une transformation sensible des formes et des modes de consommation » (ibid.). Dans leur introduction, les éditeurs, T. Boissière et Y. Morvan relèvent à juste titre que ces réformes néolibérales n’ont pas manqué d’affecter sérieusement la vie quotidienne des habitants, un phénomène peu étudié, alors pourtant que « la consommation connaît un boom sans précédent au Moyen-Orient et qu’elle constitue une pierre de touche pour comprendre les forces et les fragilités des édifices sociaux de cette région » (p. 17).

 

Sibel Akyildiz, « Un Moyen-Orient ordinaire. Entre consommations et mobilités
de Thierry Boissière et Yoann Morvan (dir.) », Les Cahiers d’EMAM [En ligne], Comptes-rendus d’ouvrages publiés, mis en ligne le 11 octobre 2022. URL : http://journals.openedition.org/emam/4040 ; DOI : https://doi.org/10.4000/emam.4040