Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

          Constructions nationales des sciences sociales des migrations : approche comparée
Journée d’études - Institut français d'études anatoliennes (IFEA-Istanbul)
Vendredi 4 décembre 2015 entre 14h-18h30

Cette journée d’études fournit l’occasion d’une deuxième rencontre au réseau de recherche en formation porté par l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA-Istanbul) en collaboration avec quatre autres Instituts français de recherche à l’étranger (le Centre Jacques Berque au Maroc, l’Institut français du Proche-Orient au Liban, l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain en Tunisie et le Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales en Égypte). Le projet, soutenu par le groupement d’intérêt scientifique « Moyen-Orient et Mondes musulmans », GIS-MOMM, dans le cadre d’une réponse à son appel à projet 2015, a été initié en septembre 2014 dans le cadre du redéveloppement de l’axe de recherche « Mobilités et Migrations » au sein de l’IFEA. Il vise à créer un groupe transdisciplinaire de chercheurs, pour examiner de façon à la fois réflexive, socio-historique et comparative, sur une période longue, les analyses de l’émigration produites par les sciences sociales dans les différents pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée.

Le projet fait l’hypothèse d’une dépendance des interrogations savantes vis-à-vis des questions publiques qui ont été différemment formulées selon les contextes migratoires. L’examen du développement des travaux de recherche en France comme en Turquie sur l’émigration turque, a montré que les deux types d’analyses, françaises et turques, présentent le même type de biais : un point de vue implicitement national qui sous-tend les questionnements, si bien que chacun laisse voir ce que dissimule l’autre (Aksaz, 2015). La construction des problèmes publics varie en effet d’une configuration sociétale à l’autre : ceux-ci sont définis différemment selon les dynamiques migratoires dominantes comme l’a montré Abdelmalek Sayad (1986), et aussi selon les spécificités historiques et les rapports entretenus avec les divers pays de destination des émigrations. La construction des problèmes publics varie aussi dans le temps (Blumer, 1971). Par cette approche on vise à fournir un point d’appui aux travaux de recherche ultérieurs, pour prendre une distance vis-à-vis des interrogations publiques et des schèmes de pensée nationaux.

Le point de vue national qui inspire les questionnements des sciences sociales n’implique pas seulement le développement des « théories » ou des discours savants différents voire opposés « ici » et « là-bas », en France et dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée ; il implique aussi la réappropriation et la réinterprétation des « théories » et des discours savants par les sciences sociales françaises, turques, et marocaines, etc., selon des modalités différentes. Pour avancer dans la compréhension du « nationalisme méthodologique » qui a marqué l’étude des phénomènes migratoires (Wimmer et Glick-Schiller, 2002), il convient donc d’examiner les modalités d’emprunt et de non-emprunt, de réappropriation et de non-appropriation des « théories » et des discours savants par les sciences sociales nationales. Le projet contribuera à la critique du « nationalisme méthodologique » développée récemment par les tenants de la perspective de « penser global » en France et en Europe (Wieviorka et al., 2015), en apportant des éléments de connaissance concrets.

Intitulée : « Constructions nationales des sciences sociales des migrations : approches comparées », cette journée d’étude s’inscrit dans le prolongement d’un atelier thématique du premier congrès du GIS-MOMM de juillet 2015 à Paris. Les interventions à la journée d’étude seront éditées dans un ouvrage collectif en ligne, sous forme d’un Dossier de l’IFEA.

Bibliographie

  • AKSAZ Elif (2015) : « L’émigration turque en France : 50 ans de travaux de recherche en France et en Turquie. Bibliographie commentée, proposée à l’occasion du 50ème anniversaire de la signature d’un accord bilatéral de main-d’œuvre entre la France et la Turquie le 8 avril 1965 », Dossier de l’IFEA, série « La Turquie aujourd'hui », no : 22, Istanbul : Institut français d’études anatoliennes. URL
  • BLUMER Herbert (1971) : « Social Problems as Collective Behavior », Social Problems, 18, 3: 298-306.
  • SAYAD Abdelmalek (1986) : « « Coûts » et « profits » de l’immigration, les présupposés politiques d’un débat économique », Actes de la recherche en sciences sociales, 61, 1 : 79-82.
  • WIMMER Andreas et Nina GLICK-SCHILLER (2002) : « Methodological nationalism and beyond: nation-state building, migration and the social sciences », Global Networks, 2, 4: 301-334.
  • WIEVIORKA Michel, Laurent LÉVI-STRAUSS et Gwenaëlle LIEPPE (dir.) (2015) : Penser global. Internationalisation et globalisation des sciences humaines et sociales, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, coll. « 54 ».

Intervenants et discutants

  • Elif AKSAZ (IFEA, CESSP-CSE)
  • Ibrahim AWAD (Université Américaine du Caire)
  • Mohamed BERRIANE (Université Mohammed V de Rabat)
  • Hassan BOUBAKRI (Université de Sousse)
  • Kamel DORAÏ (CNRS, IFPO)
  • Dominique MARCHETTI (CNRS, CESSP-CSE)
  • Hasnia-Sonia MISSAOUI (Université Toulouse Jean-Jaurès, IRMC)
  • Olivier KOCH (Université Paris XIII, Université Galatasaray, IRMC)
  • Jean-François PÉROUSE (IFEA)
  • Paul TABAR (Université Libano-Américaine de Beyrouth)