Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

Les orfèvres de Constantinople, organisés en corporations, jouissaient d'un statut important dans la société civile. Le mode de vie des empereurs et de la haute aristocratie, orienté vers le luxe, le faste et l'ornement, a fait de la capitale byzantine un centre majeur d'orfèvrerie, dont le rayonnement a dépassé les frontières de l'Empire. Les orfèvres palatins confectionnaient les bijoux déstinés aux empereurs mais ils étaient également sollicités pour tout un éventail d'insignes (torques, fibules, médailles) et de cadeaux que l'empereur distribuait à diverses occasions à ses dignitaires et soldats de même qu'aux chefs des peuples « barbares » alliés ou fédérés. Les monuments figurés (mosaïques, sculptures, ivoires) nous renseignent sur les diverses catégories de parures impériales et celles en usage à la cour, qui n'ont malheureusement pas été conservées. D'autres témoignages de l'orfèvrerie palatine sont les bijoux de l'aristocratie constantinopolitaine, qui, animée par un réflexe de mimétisme, a alimenté la production des ateliers urbains concentrés de part et d'autre de la Mésè, l'artère principale de la ville, à proximité du Grand-Palais. La pratique de la refonte et la récupération des pierres précieuses, les guerres et les pillages ont également fait disparaître une majeure partie de cette production, dont de nombreux exemples nous sont parvenus grâce aux trésors enfouis lors des invasions arabes du VIIe siècle.
Les bijoux proto-byzantins (IVe-VIIe siècles) traduisent le goût d'une société profondément ancrée dans la tradition romaine. La production de cette période se caractérise par des bijoux rigides rehaussées de pierres de couleur, émeraudes et grenats notamment, et de perles. Les bracelets et les colliers sont formés de joncs creux ou de plaques articulées découpées à jour, selon la technique de l'opus interrasile, attestée dès le IIIe siècle. Les pierres, habituellement montées en bâtes, sont entourées de perles, qui sont serties dans des cupules ou enfilées sur un fil d'or recourbé. La floraison de la technique du découpage en ajour, dans le courant du VIe et du VIIe siècle, a également conduit à l'élaboration d'un style d'orfèvrerie plus spécifiquement byzantin, qui sera également transmis dans la décoration sculptée des édifices de culte patronnés par la haute aristocratie. Ainsi, un répertoire stéréotypé de motifs végétaux et animaliers, d'inspiration orientale, se répand sur toute une gamme de bijoux souples et aériens qui utilisent à profusion les pendeloques de pierreries et de perles. Les orfèvres de Constantinople sont aussi à l'origine de la diffusion en Europe du «style cloisonné», appliqué sur des fibules et plaques-boucles de ceinturon, qui consiste en la juxtaposition de grenats ou de verroteries colorées dans un réseau géométrique de cloisons métalliques soudées à l'intérieur d'un boîtier d'orfèvrerie. De façon parallèle, on assiste au développement de l'usage de croix pectorales d'orfèvrerie, fréquemment combiné à des amulettes d'origine païenne. La christianisation progressive de la société se manifeste aussi dans l'introduction d'une imagerie religieuse basée sur des scènes tirées de la vie du Christ, qui se répand sur des bijoux à caractère nuptial et sur des phylactères d'orfèvrerie.
Signes extérieurs de prestige, les bijoux sont donc des témoignages vivants de la continuité de la tradition romaine et de la formation progressive d'une identité byzantine, marquée par la christianisation de la société. L'orfèvrerie constantinopolitaine a servi de modèle à la décoration sculptée des grands édifices cultuels de la capitale aussi bien qu'à la production de bijoux dans tout le bassin de la Méditerranée.