Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

Les sceaux de plomb constituent une des sources les plus riches pour la connaissance des élites byzantines. Ils sont frappés par les fonctionnaires de l'Empire pour garantir l'authenticité des documents auxquels ils étaient attachés. Aujourd'hui, nous avons perdu presque toutes les archives de l'Empire, mais nous avons conservé les sceaux en grand nombre, puisque plus de 60 000 sont connus dans les grandes collections du monde. La plupart ont été ramassés dans le sol de l'ancienne capitale de l'Empire, Constantinople, l'actuelle Istanbul, mais on en découvre encore partout dans les pays qui jadis firent partie de l'Empire byzantin, dont la Turquie. Une de ces grandes collections est conservée au Musée archéologique d'Istanbul.

Que trouve-t-on comme information sur un sceau ? Cela dépend des époques. Mais aux Xe-XIIe siècles, lorsque les légendes sont le plus développées, on note, au droit de l'objet, une image dont le choix n'est pas dû au hasard et, au revers, le prénom du fonctionnaire, la dignité qui lui a été octroyée par l'empereur, la fonction qu'il exerce, et éventuellement le lieu où celle-ci est exercée quand il est nommé en province, et enfin le nom de famille dont l'usage se répand à partir du Xe siècle parmi les élites impériales.

L'usage des sceaux obéissait à des règles précises. Les sceaux d'or, dont très peu sont parvenus jusqu'à nous, étaient réservés à l'empereur et utilisés pour les documents les plus solennels, notamment pour les chrysobulles destinés aux princes étrangers. La chancellerie du souverain utilisait aussi les sceaux de plomb, représentant l'empereur, pour des documents moins importants. L'emploi de l'image impériale était contrôlé et limité à quelques cas où la garantie du souverain était nécessaire, comme sur les sceaux de commerciaires, fonctionnaires qui surveillaient les transactions commerciales.

Compte tenu du grand nombre de sceaux conservés, on peut ainsi reconstituer le sommet de la société byzantine, notamment la place que les étrangers non grecs y tenaient, alors que les sources narratives et documentaires n'y suffiraient pas. Je commenterai quelques sceaux d'empereurs et de patriarches pour montrer comment leur disposition, leur iconographie et leur légende reflètent le discours politique officiel de l'Empire. Je montrerai ensuite des sceaux de fonctionnaires qui permettent de comprendre les mécanismes des nominations aux postes supérieurs et constituent une véritable carte d'identité individuelle. Enfin je m'intéresserai au lieu de trouvaille de ces objets pour montrer combien cette information est importante sur le plan scientifique. Il a été démontré que les sceaux étaient utilisés le plus souvent dans un cadre régional, sauf évidemment dans les rapports avec la capitale, Constantinople. Il est donc particulièrement utile d'étudier les collections des musées provinciaux turcs, qui sont, en règle générale, constituée par des trouvailles locales. On peut ainsi établir l'enracinement provincial de certaines familles, et mieux comprendre leur stratégie d'obtention de postes spécifiques dans les régions où se trouvaient leurs intérêts fonciers. Quelques trouvailles de plombs hors des anciennes frontières de l'Empire offrent également un aperçu sur les pratiques de la diplomatie byzantine.