Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

Zeynep AHUNBAY, Prof. Dr.
Faculté d'architecture d'İTÜ, Département de restauration, Istanbul, Turquie

 

Les fortifications de Théodose II et des Comnène qui s’étend sur 7 kilomètres et forment la frontière ouest du site historique d’Istanbul sont classées au Patrimoine mondial de l’Humanité. Les remparts terrestres étaient protégés sur l’intérieur et sur l’extérieur par des bandes de protection réalisées par l’architecte français Henri Prost; dans le plan de développement et de protection qui s’en suivit, les limites de ces zones ont été maintenues mais au cours des dernières années, les aménagements urbains réalisés à proximité des murailles ont endommagé la silhouette  de la ville.

Les remparts terrestres combinent trois types de composants différents que sont les fosses, les tours et les courtines. Les tremblements de terre et les effets du temps qui passent ont fait que les murailles étaient restaurées continuellement à l’époque médiévale et afin de conserver l’authenticité et la qualité paysagère du monument, des recherches adaptées aux standards internationaux de restauration, des fouilles, de la collecte de documents, des travaux de restauration et des présentations du site sont nécessaires. Selon la charte signée lors de l’entrée dans le patrimoine mondial, les monuments et sites à l’importance internationale doivent être protégé pour parvenir aux générations futures dans toute leur authenticité. Dans ce contexte, l’absence d’attention et les négligences ainsi que les restaurations trop nombreuses et de mauvaise qualité endommagent donc le monument d’origine.

Entre 1991 et 1994, la partie sud des murailles terrestres, entre les tours T1 et T6 a fait l’objet de recherches dirigées par le corps enseignant de la Faculté d’Architecture de l’Université technique d’Istanbul visant à proposer un projet de protection conservant l’authenticité du monument en limitant au maximum les interventions physiques sur le bâti. Les partie des ruines des murailles qui se trouvaient sous le niveau du sol ont été excavées et protégées au mieux par la création d’un parc recouvrant cette zone. L’histoire et la structure des parties en élévation des remparts ont été étudiées en détail; la structure et les matériaux ont fait l’objet d’une documentation poussée. A l’aide de la photogrammétrie, des techniques traditionnelles et d’échafaudages légers, on a tenté de se rapprocher au plus près des textures. La collecte d’informations concernant l’histoire des murs et des tours, l’étude des différences de texture, l’analyse chronologique, la détection des dommages et les conseils de protection ont été mis en œuvre durant toute cette période.

Les murs, les arches et les timbres en brique des remparts terrestres ont été les principales sources pour l’étude du bâti original et des modifications qu’il a connu au cours des siècles. Les traces visibles sur tours et les courtines ont été étudiées en détails pour permettre une restauration de qualité, car il était nécessaire de comprendre les étapes par lesquelles étaient passées les ruines. Les tours qui avaient été endommagées par des tremblements de terre ont fait l’objet de propositions de consolidation adaptées aux structures originales du bâti afin d’éviter des dommages plus importants dans le futur.

Une attention toute particulière a été portée aux matériaux utilisés pour une restauration adaptée et on a tenté de consolider les structures en utilisant des matériaux anciens tels que les briques trouées, du mortier de Khorasan [fabriqué à base de poudre de brique et de chaux] plutôt que du ciment, et des briques fabriquées de manière traditionnelle. On a aussi prêté attention au fait que les artisans travaillent sur les chantiers avec des techniques traditionnelles.

 

Ces travaux archéologiques ont aussi permis de proposer des possibilités de stages aux étudiants en archéologie, architecture ou ingénierie. Un grand nombre d’étudiants en Master d’architecture et de restauration ont pu participer aux activités de relevés et ainsi gagner en expérience professionnelle.

Il était aussi prévu que dans certaines zones du site archéologique, les tours se voient attribuées une fonction particulière, telle que “point d’information” ou “aire de détente” mais l’occasion n’a pas vu le jour. Pour des raisons politiques, les travaux de réhabilitation ont pris fin en 1994 et le projet de réhabilitation proposé n’a pu aboutir dans sa totalité.     

L’entretien et la restauration des remparts terrestres dépendent de la Municipalité Métropolitaine d’Istanbul (IBB), dans ce cadre il est nécessaire d’éduquer et de former les unités techniques responsables de l’entretien, mais aussi de renforcer les capacités d’administration et de supervision si l’on veut qu’à l’avenir, les évolutions suivent la bonne voie. Pour protéger le site et son environnement, il est nécessaire de mettre en place un plan de gestion. Le suivi des traces d’usure et des dégradations doit être archivé, les rapports étudiés en détails pour déterminer les cas d’urgence et les priorités et la planification des activités de protection élargie. Il faut aussi qu’une organisation adaptée et possédant les fonds nécessaires à un entretien au quotidien soit mise en place. L’IBB résoudrait en grande partie le problème si elle créait une équipe de spécialistes chargées de s’occuper des remparts terrestres et mettre à sa disposition des fonds annuels.