Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

Ressources

Les villes des pays émergents sont des lieux sensibles pour la mise en œuvre d’une transition énergétique. Elles connaissent les plus fortes croissances démographiques : 15 des 27 villes de plus de 10 millions d’habitants dans le monde en 2025 seront situées en Asie. Ceci implique aussi une forte croissance de leur consommation énergétique (souvent supérieures à +10%/an) et donc des émissions de GES. Ces villes demeurent pourtant beaucoup moins étudiées que les grandes métropoles occidentales. La pauvreté des populations et les héritages énergétiques qui les caractérisent imposent de réfléchir à l’adaptation des solutions technologiques et commerciales en fonction des spécificités locales du point de vue des conditions géographiques, des choix politiques locaux (tarification, distribution) et des usages et pratiques de la population. Ces politiques énergétiques combinent une diversité de moyens d’action de nature technologique et d’échelle variées : isolation des bâtiments, énergie décentralisée (chauffage solaire thermique), nouvelles infrastructures en réseau (électricité et gaz) et permanence des énergies classiques, telles que le charbon/le bois. Ces politiques doivent être pensées en articulation.

Les villes turques forment un marché pour de nombreux groupes énergétiques internationaux, et où l’on observe diverses initiatives dans ce domaine. Mais elles restent peu étudiées. Plusieurs des enjeux susmentionnés s’y retrouvent mais selon des configurations à approfondir. Istanbul, métropole économique, constitue un nouveau marché pour des groupes locaux et étrangers développant ces nouvelles technologies où elles peuvent trouver une clientèle solvable. Alors que presque 20% de l’électricité produite en Turquie est consommée à Istanbul, les politiques de maîtrise énergétique restent aujourd’hui confinées à certains secteurs jugés prioritaires (transport collectif, développement des voitures électriques, innovation technologique pour l’économie d’énergie dans les bâtiments publics ou pour la production énergétique dans le secteur industriel…). Dans un objectif de réduction de la facture énergétique locale et d’une diminution de la dépendance de la Turquie aux ressources fossiles fournies par ses pays voisins, une réflexion intégrée de la transition énergétique à l’échelle urbaine notamment, est vouée à devenir un enjeu majeur des prochaines décennies. À ce sujet, la municipalité de Gaziantep semble pionnière en s’engageant dans une politique innovante de maîtrise de l’énergie depuis la mise en place d’un Plan Climat Energie Territoire (PCET) en 2010 inspiré du modèle français créé par l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie).

Programme de recherche POUDEV (Politiques et Usages de l’Energie en Ville) coordonné par Eric Verdeil (CNRS, UMR 5600) et Jean-Michel Deleuil (ITUS/INSA)

Dans le cadre du programme scientifique POUDEV qui interroge le concept de transition énergétique dans les villes émergentes, mes recherches analysent les mutations d'un système socio-technique (celui de la production de chaleur au gaz naturel dans l'espace domestique résidentiel) au regard des politiques de transformations de l'habitat et de l'évolution des modes d'habiter à Istanbul depuis le début des années 2000. Il s’agit en d’autres termes de dénouer le lien tacite qui fait de la politique de renouvellement urbain initiée à l’échelle nationale (déclinée de manière intense à l’échelle métropolitaine d’Istanbul) un véhicule de la transition énergétique au gaz naturel, en posant l’hypothèse que le développement massif de nouvelles formes urbaines (l’habitat collectif vertical) a accéléré, de fait, l’adoption de nouvelles normes de confort thermique basées sur l’utilisation du chauffage centralisé au gaz naturel. Les 1er résultats tendent à montrer que la politique de renouvellement massif de l’habitat à Istanbul constitue un gisement majeur d’opportunités commerciales, économiques mais aussi technologiques pour toute une série d’acteurs (producteurs de matériaux de construction, matériaux isolants,  producteurs de technologie du chauffage, climatiseurs, innovations technologiques des ingénieurs thermiques…). L’ouverture de cette fenêtre d’opportunité commerciale et urbaine représente pour nous l’occasion d’observer in situ comment la transition énergétique au gaz naturel est véhiculée, débattue, voire contournée par les intérêts et les forces économiques en présence dans le domaine de la fabrique urbaine.

Nous faisons également l'hypothèse que la réception des nouvelles technologies énergétiques doit être analysée à deux autres niveaux: tout d'abord, ces nouvelles technologies s'inscrivent dans des pratiques existantes, caractérisées par des habitudes et des usages structurés par les caractéristiques physiques du lieu de vie et les normes sociales des groupes en présence (morphologie des bâtiments, aménagement intérieur, usages du chauffage, sanitaires, culinaires…); ensuite, ces pratiques existantes sont également modelées par un ensemble de relations économiques et sociales (tarification directe et indirecte des différentes formes d'énergie, coût d'installation des appareils énergétiques, fiscalité de l'énergie). Cet écheveau complexe est donc éclairé à partir des pratiques, usages et modes de vie des habitants, observés in-situ dans leurs modes et leurs budgets de consommation. Le projet examine ces mutations à trois échelles : celle de la métropole ; celle d’une ville-nouvelle en périphérie ouest d’Istanbul imaginée par une administration étatique du logement un et celle des unités d’habitation en habitats collectifs. 

Projets de recherche et thèses

Elvan ARIK (POUDEV - Labex IMU) Politiques et usages de l’énergie à Istanbul sous la direction de Jean-Michel Deleuil et Eric Verdeil

Publications

  • Damien BISCHOFF et Jean-François PEROUSE, " La question des barrages et du GAP dans le sud-est anatolien : patrimoines en danger?", [Dossiers de l'IFEA série Patrimoines au présent] Istanbul, Août 2003, 63 p.
  • Elvan ARIK (2014), « Chronique d’une transition énergétique en tension: l’universalisation inachevée du réseau de gaz naturel à Istanbul », Flux, 2013/3 N° 93 - 94, p. 56-69.
  • Elvan ARIK Tour d’horizon de l’actualité énergétique de la Turquie 2012-2013, mai 2013 en ligne http://dipnot.hypotheses.org/229
  • Elvan ARIK Territoires de l’éolien en Turquie : exemple de la ferme éolienne de Balıkesir mai 2013 en ligne  http://dipnot.hypotheses.org/260
  • Elvan ARIK (2012), Discuter la transition énergétique à Istanbul : débats théoriques et premiers éléments d’enquête, Master 2 Urbanisme, Université Lyon 2Elvan ARIK (2011), Politiques énergétiques et accès aux services urbains en réseau à Istanbul, Master 1 Urbanisme, Université Lyon 2 [En ligne] http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00648609/fr/ (consulté le 10 janvier 2014). 
  • Sylvy JAGLIN et Éric VERDEIL, « Énergie et villes des pays émergents : des transitions en question. Introduction », Flux, 2013/3 N° 93 - 94, p. 7-18.
  • Jean-François PEROUSE, « La gouvernance énergétique dans les villes turques : un état des lieux », Flux, 2013/3 N° 93 - 94, p. 70-76.
    Pour mon suivi de l’actualité énergétique en Turquie (entre autres) se reporter à : http://seenthis.net/people/earik

Conférences et séminaires

Thématiques 

  • Gouvernance urbaine et politique de transition énergétique
  • Réseaux et infrastructures énergétiques
  • Géographie et politique de l’éclairage public urbain
  • Politiques et circulation des flux/matières énergétiques
  • Pertinence des notions de précarité/vulnérabilité énergétique à l’échelle des villes turques
  • Énergie et relation à l’habiter
  • Infrastructures énergétiques et gestion des risques
  • Territorialisation des projets énergétiques et gestion des conflits locaux
  • Universalisation socio-territoriale des grands réseaux énergétiques nationaux (électricité, gaz naturel…)