Franck Mermier, « BRONES Sophie, Beyrouth dans ses ruines », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée 149. https://journals.openedition.org/remmm/14914.

Cet ouvrage, tiré d’une thèse en anthropologie soutenue en 2010, présente les résultats d’une enquête menée à Beyrouth, entre 2005 et 2010, et qui traite du rapport aux ruines et au patrimoine dans une ville toujours balafrée par les destructions de la guerre du Liban (1975-1990), sans compter celles de la guerre de 2006 et de l’explosion du port en août 2020. Les études sur la reconstruction du centre-ville et le patrimoine urbain de Beyrouth ont été nombreuses, tandis que celles sur les mémoires de la guerre du Liban se sont développées depuis les années 2000. 

Sophie Brones a relié ces deux thématiques à travers une approche anthropologique qui tente de penser ensemble les questions mémorielles et patrimoniales à partir des ruines et des transformations incessantes du présent, et en mettant en œuvre une « ethnologie de la patrimonialisation » attentive aux situations et à l’événement. C’est le double constat des métamorphoses accélérées du tissu urbain et de la succession des ruines et des destructions laissées par la violence politique et économique qui a conduit Sophie Brones à construire ses hypothèses autour des usages de la mémoire et des différentes temporalités historiques et subjectives. Mais c’est aussi, ainsi qu’il est évoqué, dans le préambule, un cheminement personnel et réflexif entamé depuis des fouilles archéologiques en Égypte qui a conduit à l’élaboration d’une problématique liée aux significations du patrimoine dans le contexte beyrouthin.